Cela va de 30 heures à 48 heures hebdomadaires, en passant par des 35 heures teintées de plus ou moins. La question du temps de travail reste de celles qui divisent les candidats. Et leur permet de parler – un peu – du travail, même si cela reste sous l'angle de la baisse du chômage.
"La question du travail dans le discours politique se réduit comme peau de chagrin", regrettait dans un entretien la sociologue du travail Danièle Linhart (voir notre article), il y a quelques semaines. Elle soulignait que l'"on parle chômage, durée du travail, mais on ne parle pas du travail", et ce "depuis au moins trente ans". Cela se vérifie encore lors de cette campagne présidentielle. La question du chômage et de la productivité colore les débats sur le travail, même si le sujet n'est pas absent du discours de tous les candidats – à commencer par Benoît Hamon, qui a tout de même remporté la primaire du PS avec une idée clé, "repenser la place donnée au travail", formule qui ne figure plus ainsi dans son programme, même s'il a essayé de conserver cet angle d'approche.
Comme l'analysait Danièle Linhart, c'est donc via la question du chômage que le travail est le plus abordé, par les 11 candidats dans la course à l'Élysée. Car s'il est un point sur lequel la ligne de fracture droite/gauche est patente, c'est bien sur l'utilisation du temps de travail comme levier qui influerait sur la courbe du chômage. Ainsi François Fillon, candidat LR, a-t-il les 35 heures dans le collimateur. Il veut les abroger, et même aller plus loin, en ne laissant comme limite dans la loi que la durée maximale hebdomadaire fixée par l'Union européenne : 48 heures. La négociation du temps de travail se tiendrait au sein même des entreprises, pour fixer le seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Sans préciser ce qu'il se passerait en l'absence d'accord, il a tout de même précisé, le 16 mars devant la CFDT qu'une fois la réforme lancée, on tirerait "les enseignements de ces négociations au bout d'un an à 18 mois, pour fixer une durée de référence". Pour les trois pans de la fonction publique, en revanche, c'est clair : ils travailleraient tous 39 heures, et François Fillon accepterait de négocier uniquement sur la contrepartie salariale de cette hausse du temps de travail.
HSE
Hygiène, sécurité et environnement (HSE) est un domaine d’expertise ayant pour vocation le contrôle et la prévention des risques professionnels ainsi que la prise en compte des impacts sur l’environnement de l’activité humaine. L’HSE se divise donc en deux grands domaines : l’hygiène et la sécurité au travail (autrement appelées Santé, Sécurité au travail ou SST) et l’environnement.
À l'opposé sur ce point, Nathalie Arthaud, candidate de Lutte ouvrière, estime que le chômage "résulte de la guerre que livre le patronat pour maintenir et augmenter ses profits". Elle promet de "créer des millions d’emplois", "immédiatement, en imposant que le travail soit réparti entre tous". Elle ne dit en revanche pas combien d'heures reviendraient à chacun sur les fiches de paye, ni quelles seraient les conditions de travail. Faire des parts plus petites du gâteau pour en distribuer davantage, telle est aussi l'idée de Jean-Luc Mélenchon ; il convoquerait "une conférence nationale sur le partage du temps de travail et l'impact du progrès technologique". Candidat de "La France insoumise", soutenu par le PCF, il défend le "travailler moins pour travailler tous" dans son livre-programme commercialisé en librairie. Lui président, les 35 heures seraient "réelles", avec des heures supplémentaires majorées (de 25 % pour les 4 premières, puis 50 % au-delà – la loi prévoit actuellement 25 % pour les 8 premières et 50 % pour suivantes).
Pas avare de propositions alléchantes, Marine Le Pen, qui dit depuis plusieurs années souhaiter la suppression des 35 heures tout en jugeant le retour en arrière impossible, est aujourd'hui officiellement contre leur suppression. Elle voit cette durée comme un seuil pour déclencher le décompte des heures supplémentaires, et donc d'une rémunération majorée à laquelle elle ajouterait le rétablissement de la défiscalisation. Mais dans le même temps, elle renverrait aux branches la responsabilité de décider d'un seuil de déclenchement au-delà des 35 heures, sans fixer de limite. Pour les salariés concernés, 37 heures seraient payées 37 heures, sans majoration ni défiscalisation. Sur la fiche de paye, c'est aller au-delà de la loi travail, qui permet de faire passer, par accord d'entreprise, la durée hebdomadaire à 46 heures (avec quelques conditions), avec une majoration minimale de 10% au-delà de 35 heures.
Revenons à Jean-Luc Mélenchon. Voyant dans les conventions de forfait-jour un problème quant à la charge de travail qui pèse parfois sur ceux qui en bénéficient, seuls les cadres dirigeants pourraient signer de tels contrats. Le candidat voudrait aussi tendre vers les 32 heures. Dès le début de son quinquennat, ceux qui travaillent de nuit ou ont des métiers pénibles seraient déjà à 32 heures. Philippe Poutou, ouvrier dans l'industrie automobile qui représente une deuxième fois le "Nouveau parti anticapitaliste" prône le partage du travail via un passage aux 32 heures sans perte de salaire, et 30 heures pour les travaux pénibles.
Benoît Hamon refuse de remettre en cause les 35 heures, tout comme Emmanuel Macron, qui y a finalement renoncé. Mais à partir de cette même base, les deux prennent des directions opposées. Le premier veut garder les 35 heures et encourager le temps partiel, dans l'optique d'une réduction collective du temps de travail. Benoît Hamon continuerait à attribuer le CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) aux entreprises avec des "contreparties réelles et négociées" notamment sur la réduction du temps de travail, et il voudrait créer un droit opposable au temps partiel avec des incitations financières. Emmanuel Macron, pour "libérer le travail", dans la lignée de la loi travail, explique que "les horaires effectifs ou l’organisation du travail seront négociés au plus près du terrain", par "accord majoritaire ou par référendum d’entreprise sur la base d’un accord". Il rétablirait les exonérations de cotisations sociales (salariales et patronales) sur les heures supplémentaires, mais sans qu'elles soient défiscalisées.
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